Chapitre 28

Nous voici donc en Guyane depuis le 25 mars.

La Guyane, département d’outre mer (973), situé dans le Nord-est de l’Amérique du Sud est en grande partie recouverte de forêts tropicales ;  sa faune et sa flore son très riches.

La population est de 270 000 habitants pour une superficie de 83856km2. Elle a une grande frontière au Sud et à l’Est avec le Brésil, à l’Ouest avec le Suriname. Deuxième région de France pour sa superficie et  deuxième moins peuplée ; c’est le département le plus boisé.

La Guyane devient française en 1643. C’est une colonie esclavagiste qui voit sa population augmenter jusqu’ a l’abolition officielle de l’esclavage à la Révolution Française.

Elle devient département français à partir de 1797 mais est transformée en colonie pénale avec l’instauration du bagne. Pendant la seconde guerre mondiale, elle se rallie officiellement à la France combattante en 1943. Elle abandonne définitivement son statut de colonie et redevient un département français en 1946. A partir de 1964 le Général De Gaule, devenu Président, décide d’y établir le CSG (Centre Spatial Guyanais) aujourd’hui exploité par le CNES (Centre Nationale des Etudes Spatiales), Arianespace et l’Agence Spatiale Européenne (ESA).

Les langues parlées sont le français, le créole guyanais, les langues amérindiennes, le bushinengue, le saramaka, (langues des marrons et des marrons noirs) et enfin le hmong (langue d’origine chinoise, vietnamienne, d’une grande communauté représentée ici).

Notre première balade a été avec notre ami Philippe dans le parc du CSG. En effet un grand périmètre de terrain autour des bases de lancement proprement dites appartient au CSG. On y trouve un golf, un terrain de foot, et des chemins bien balisés ouverts à tous. L’endroit est très fréquenté par les marcheurs et les joggers, et même par les Vététistes…. Enfin par tous les sportifs … comme nous !... (Hum… un peu en perte de vitesse !!!)

Philippe nous montre « les arbres canons » nombreux dans cette forêt, à la cime desquels, les paresseux aiment s’installer. Nous voyons de magnifiques papillons, et sommes accompagnés par le chant du « kikiwi » et autres oiseaux qui vivent en toute tranquillité ici.

Nous en profitons pour nous inscrire à la visite du centre spatial afin de voir toutes les installations du centre, les bases de lancements d’Ariane, Vega et même Soyouz. La visite qui se fait en bus climatisé (ça c’est vraiment pas mal !!!) est programmée 2jours plus tard, elle sera commentée par deux personnes du centre.

 Le centre spatial (centre de recherche et base de lancement) est implanté sur les communes de Kourou, Sinnamary et Cayenne, sur une superficie de 690km2. Sa latitude très proche de l’équateur est idéale pour placer les satellites en orbite.. Les fusées Ariane tirées de cette base sont utilisées essentiellement pour le lancement des satellites de communication. La dernière, « Ariane 5 », 780 tonnes peut transporter 10 tonnes en orbite géostationnaire et 20 tonnes en orbite basse. Elle mesure 50.5 mètres de hauteur et a fait son premier vol en 1996. Depuis, deux autres fusées ont été ajoutées sur le site afin de mieux répondre aux besoins commerciaux, « Soyouz », 308 tonnes, 46,2 mètres de hauteur, capacité d’emport de 3,2 tonnes en orbite géostationnaire et 4,4 tonnes en orbite basse, (gérée par les russes qui importent leur propre matériel même leur kérosène !) premier vol en 2011 ; et « Vega »,137 tonnes, 29 mètres de hauteur, avec une capacité de 1,5 tonne, premier vol en 2012. Actuellement une nouvelle fusée « Ariane 6 » est en construction, son premier vol est prévu pour 2020. Sa hauteur sera de 60 mètres, sa capacité d’emport sera variable de 5 tonnes à 10 tonnes.

Pour chaque fusée il y a un ensemble de lancement avec

-      un bâtiment dans lequel sont préparés les satellites,

-      un bâtiment dans lequel sont assemblés verticalement, pour la France, les différents étages de la fusée, (les russes assemblent horizontalement),

-       un bâtiment où sont assemblés tous les éléments (satellites, adaptateur, coiffe et fusée)

-       et le centre de lancement en partie blindé (en particulier le toit).

Il y a en moyenne un lancement par mois toutes fusées confondues.

Notre visite s’est terminée par la salle Jupiter, centre de contrôle qui permet de diriger l’ensemble des opérations de préparation et de lancement. C’est également ici que les médias s’installent pour suivre un lancement. Toute personne qui en fait la demande peut également venir suivre un lancement gratuitement dans cette salle. Il faut juste être dans les premiers à faire la demande car il y a peu de place et beaucoup de demandes…

Il y a 1700 emplois directs par le CSG qui induisent plus de 7500 emplois indirects en Guyane, soit 16% de la population active.

Le lendemain, nous partons pour Sinnamary. Nous avons rendez-vous avec un monsieur guyanais avant le lever du jour pour aller voir l’envol des ibis rouges. Après une heure de route, nous retrouvons Printemps (joli prénom n’est ce pas ?) et embarquons sur une grande pirogue. Nous descendons le fleuve Sinnamary jusqu’à l’embouchure, tout est calme, l’eau est presque lisse, comme un miroir et petit à petit le soleil se lève sur la mangrove. Nous n’attendons pas très longtemps après les premiers rayons de soleil pour voir s’élever dans le ciel un vol d’oiseaux magnifiques, ibis rouges, aigrettes, spatules… C’est un vrai enchantement. Les vols se succèdent... On dirait un feu d’artifice qui n’en finit pas. Pendant plus d’une heure on va voir les ibis passer en formation au dessus de nos têtes. On en voit passer des milliers (et non, je ne suis pas marseillaise….). Tous ces oiseaux vont chasser sur la rive d’en face et reviennent nourrir leurs petits restés aux nids dans la mangrove. Après une bonne heure et demie de spectacle, Printemps nous propose une petite pause, et alors que l’on s’attend à voir arriver un bon « café-croissants », on le voit sortir la bouteille de rhum !!! Ce matin le petit déj sera ti-punch et pringles…. Waouh ! Ça met en forme… En plus, il n’a pas pleuré le rhum !... Et ma foi, c’est bien détendus que nous prenons le chemin du retour, en profitant tout du long des explications de Printemps sur les arbres, les cabosses de cacao qu’il nous fait ramasser, les fleurs, les oiseaux et animaux de la mangrove. Une sortie un peu matinale mais très réussie, Merci Philippe de nous avoir fait découvrir ça. La petite sieste de l’après-midi est la bienvenue.

Quelques jours plus tard, le 4 avril, nous avons pu voir le lancement de Soyouz, de la plage de Kourou, c’était impressionnant mais moins, parait il, que pour un lancement de Ariane qui fait vibrer toutes les vitres de Kourou…. contents de pouvoir vivre ça !

Je suis rentrée en métropole 2 jours après le lancement pour un mois et Jean-Marie a continué la découverte de la Guyane avec Philippe et Patrick (rencontré aux Canaries, revu au Cap-Vert) arrivé du Brésil quelques jours après mon départ. Je n’ai pas pu voir Jean-Luc et Bernadette non plus. Peut-être une autre fois… ailleurs….

Pendant ce mois ils ne se sont pas ennuyés.

Jean-Marie a pu suivre notre ami Philippe « roi de la guitare » jouant dans un groupe de musique russe (balalaïka, accordéon..). Répétitions chez l’un ou chez l’autre, soirées concert… D’autre part ils se sont organisé quelques randonnées. Ils ont commencé par une petite virée à la montagne des singes située près de Kourou qui s’élève à 161m d’altitude (on est loin de nos Alpes…) cette randonnée permet de découvrir la faune et la flore. Ils ont d’ailleurs rencontré de petits animaux charmants tels que grenouilles, araignées, chenilles, papillons, mais ils n’ont pas vu de serpent… ni de singe…  l’arrivée au sommet permet une vue panoramique sur la forêt tropicale, Kourou et ses alentours et au loin, les îles du Salut.

Ensuite, près de Cayenne, « le sentier du Rorota » qui relie les lacs de Rorota, de Lalouette et de Remire, en pleine nature avec de beaux panoramas sur l’océan, les plages de Rémire, les ilets du Père et de la Mère. Ils ont pu voir de beaux morphos (papillons), des agoutis (gros rongeurs)…etc

Balade à la découverte d’un inselberg sur le sentier de la savane-roche Virginie. Ce dôme granitique qui émerge entre les arbres culmine à 137m dans le massif forestier de Régina, près de St Georges. C’est le seul inselberg accessible par le littoral. Il offre une vue magnifique à 360° sur la canopée.

La balade du sentier de la Mirande leur a permis de prendre un peu plus d’altitude : 234m, oui, je sais c’est pas encore le Mont Blanc, mais c’est quand même la plus élevée des collines de Cayenne ! C’est un massif boisé de 2700 ha, dont le bois servait à alimenter les chaudières de la distillerie de la Mirande. Les terrains une fois déboisés étaient plantés de cannes à sucre destinées à l’usine de la Mirande et celle de Rémire. Le sentier serpente au milieu d’une grande réserve naturelle peuplée essentiellement d’oiseaux, aras, toucans… on peut aussi y observer des paresseux. Un autre sentier longe de petites cascades, ce sont les cascades de la crique Mancelière, petit ruisseau qui coule le long de la colline.

Le zoo de Guyane a été l’étape suivante, situé à Macouria dans la forêt au cœur d’un milieu naturel. 75  espèces différentes y sont représentées dont certaines uniques,  en tout, 450 animaux. Il y a une volière géante où il est possible de s’immerger, des ponts suspendus en haut des grands arbres pour pouvoir découvrir iguanes, serpents, toucans, singes…Il n’est pas rare que les animaux sauvages, vivant à proximité viennent rendre visite à leurs congénères du zoo. Nos « loustics » ont bien apprécié cette visite. En sortant, ils sont allés voir le bagne des Annamites (les prisonniers étaient principalement originaires d’Indochine). Ouvert en 1930, fermé en 1945, il se situe entre la crique Anguille et la rivière Tonnégrande. Les vestiges ; cellules étroites, cuisine des tirailleurs sénégalais qui à l’époque étaient les geôliers. C’est une belle balade dans la forêt qui se termine par une crique où Jean-Marie n’a pas pu s’empêcher de piquer une petite tête…

Enfin la dernière visite sans moi a été le village des hmongs à Cacao. C’est un peuple d’Asie, originaire des régions montagneuses du sud de la Chine au nord du Vietnam et du Laos. Certains ont fui le régime communiste du Laos et sont arrivés en Guyane en 1977 après avoir séjourné dans les camps de réfugiés de Thaïlande.

La France a décidé d’accueillir ces gens qui avaient choisi d’aider les français puis les américains pendant les guerres d’Indochine et du Vietnam. Le gouvernement leur a donné une parcelle de forêt appartenant à l’état sur le site de Cacao afin qu’ils créent un village à vocation agricole. Ils étaient 500. Deux ans plus tard, c’est près de Mana qu’est construit un deuxième village hmong, avec l’arrivée de 500 autres. Ils ont déboisé, construit eux-mêmes leurs maisons sur pilotis, les écoles, infirmeries, salles de réunion, églises, pistes puis routes dernièrement…. 600 ha ont été défrichés pour être transformés en terres cultivables. Il a fallu plusieurs années pour que les hmongs, convaincus par le préfet, se mêlent aux guyanais, et viennent vendre leur production au marché local. Après quelques réactions d’hostilité à leur présence sur les marchés, ils ont finalement été intégrés et acceptés. Leur production ajoutée à celle des guyanais couvre pratiquement les besoins de la Guyane alors qu’auparavant il fallait importer, soit de métropole soit du Suriname voisin. En plus de la culture, les Hmongs élèvent aussi des buffles et zébus et chaque famille a un petit élevage de canards, poules, et porcs, vendus sur les marchés de Guyane. Une visite très instructive agrémentée de soupe chinoise, poulet curry façon asiatique…. Et bien sûr délicieux ramboutans… On est gourmand ou on ne l’est pas….

Le 07.05.2019

Enfin je suis de retour,  arrivée un peu fatiguée du voyage, mais contente de retrouver mon petit bateau et son capitaine, enfin …le capitaine en premier bien sûr !

Philippe a accompagné Jean-Marie à l’aéroport et c’est ensemble que nous rentrons à Kourou. Quelle chaleur humide !... J’avais oublié ! Dur dur….

Nous passons encore 3 jours à Kourou, ville plutôt agréable où contrairement à ce que l’on nous avait dit, nous ne nous sommes pas sentis en insécurité. Les gens étaient plutôt sympas, nous saluant lorsque nous les croisions. Il est vrai que nous ne nous sommes pas promenés de nuit…. Mais Kourou, de par sa présence militaire est peut-être plus calme que Cayenne.

On refait le plein du bateau en avitaillement, ce n’est pas demain que l’on reverra un supermarché français. Jean-Marie fait un petit point sur Île de Croc, gratte l’hélice car en plus d’un mois, les coquillages se sont installés et collés partout. Mais l’eau est trop trouble dans le fleuve pour aller gratter toute la coque, il ne voit strictement rien et effectue le nettoyage à l’aveugle. Nous partons samedi aux îles du Salut, le grand ménage sera fait là-bas. Nous profitons d’une dernière journée avec notre ami Philippe. Il vient manger sur Île de Croc à midi et le soir on se fait un petit resto pour fêter notre départ. On est un peu triste de le quitter. Il nous a tellement gâtés ! Grâce à lui notre séjour a vraiment été une réussite. Nous attendons avec impatience le plaisir de le revoir mais cette fois avec Pascalou, à Agen ou ailleurs, qui sait ? Les voyages « découverte » et « visite à un ami » vont  peut-être les tenter…

Samedi 11 mai nous levons l’ancre direction les îles du Salut. (Autrefois connues sous le nom d’Îles du triangle)

L’origine de ce nom, « Îles du Salut » remonte en 1763. Choiseul alors ministre de Louis XV organise une grande expédition vers la Guyane afin de la peupler. Malheureusement, les colons confrontés aux maladies et aux conditions difficiles meurent en grand nombre. Les survivants en attendant leur rapatriement vers la France sont regroupés sur ces trois îles, au climat plus favorable, qui prennent leur nom d’ « Îles du Salut ».

Deux heures de navigation sous un ciel grisou et une mer plutôt mouvementée et nous arrivons. Belle surprise, le soleil pointe son nez au dessus de nos têtes, et notre bonne humeur revient aussitôt. Nous ancrons et descendons l’annexe pour aller faire un tour sur ces îles, devenues Bagne en 1793. Nous commençons par l’île Royale.

Elle accueillait les services administratifs et l’hôpital, l’île St Joseph servait pour les « fortes têtes » et l’île du diable que l’on ne peut pas visiter à cause de courants trop forts, pour les espions, les détenus politiques ou de droit commun. Les prisonniers les plus célèbres sont Dreyfus (1894) Guillaume Seznec (1923) et Henri Charrière (1933) qui écrivit le livre Papillon.

Ce bagne a été fermé en 1947, et laissé à l’abandon, jusqu’à l’implantation du CSG en 1965 à Kourou. Les îles sont devenues propriété du CNES à cause de leur emplacement, sur la trajectoire des fusées Ariane. Elles sont évacuées avant chaque lancement. Seule la propriétaire de l’auberge et quelques gendarmes peuvent rester sur place. Aujourd’hui un travail de restauration de certains bâtiments comme la maison du directeur, devenue un musée, et la chapelle, est en cours.

Nous prenons le chemin qui fait le tour de l’île et permet une vue sur l’océan et sur les îles St Joseph et du diable. Une végétation dense, des oiseaux, des agoutis… et…. beaucoup de panneaux d’interdictions…Attention…Danger…. Si on glisse ou si on tombe, on ne pourra pas dire que l’on n’a pas été prévenu !!! Nous continuons la visite par le centre de l’île où se trouvent les bâtiments, maison du directeur, chapelle, cellules, cimetière, l’asile des aliénés, l’hôpital, maison des sœurs…. Au milieu de toutes ces ruines, se trouve un hôtel restaurant avec une belle terrasse donnant sur l’océan, ombragée par un magnifique flamboyant. Certaines personnes viennent passer la nuit ou le week-end sur l’île. C’est vrai que l’endroit est très calme, en pleine nature … des cocotiers, des fleurs, le chant des oiseaux… ce doit être reposant. Quoi que… on a vu, derrière l’hôtel, Léon qui se pavanait et qui n’était pas très silencieux…. De toute façon, pour nous ce sera retour au bateau. La nuit est plutôt agitée, pas de bruit, mais une houle et des courants qui baladent notre pauvre Île de Croc dans tous les sens et bien sûr nous avec !... On pensait rester quelques jours dans ce cadre idyllique mais…. Finalement on va peut-être bien lever l’ancre plus tôt que prévu….

Une nouvelle journée commence et s’annonce plutôt belle avec un beau soleil. Après un bon petit déjeuner, le grand nettoyage de la coque va commencer ; Jean-Marie enfile sa combi… Ah !... ça tire un peu aux entournures !!! Merci Philippe pour les blanquettes, les coqs au vin, les confits de canards….. Enfin on s’y met à deux et ouf, le voilà équipé. Il va passer deux heures sous l’eau à racler la coque… C’est incroyable ce qu’il y a comme coquillages, ce sont des balanes.

Nous partons ensuite avec l’annexe pour la visite de l’île St Joseph, un peu plus petite que l’île Royale. Nous commençons par la piscine des bagnards, une piscine artificielle construite avec de grosses pierres par les bagnards pour casser les grosses vagues de l’océan. Nous continuons sur le chemin de ronde, cette fois la vue est sur l’île du diable et sur l’île Royale. Quelques barques de pêcheurs sont là dans le chenal entre les îles dans le courant très fort et ça n’a pas l’air de les gêner plus que ça….

Une grande allée pavée et des escaliers de pierre mènent aux constructions : de grandes rangées de cellules, vraiment minuscules avec double rangée de grilles. Les cellules n’avaient pas de toit, mais seulement une grille, ce qui permettait aux gardes de surveiller de haut tous les gestes des prisonniers. Ces enfilades de cellules et de cachots sont impressionnantes. Nous visitons d’autres bâtiments en ruine, mais dommage il n’y a aucun panneau pour nous expliquer de quoi il s’agit….

Vers 16h nous regagnons notre bateau qui danse toujours autant… Nous décidons de lever l’ancre et de partir direction Saint Laurent du Maroni au Nord-Ouest de la Guyane. Il est 16h45.

La navigation se passe bien, nous avons un bon vent et notre voilier avance à bonne allure. Nous faisons même plusieurs fois des pointes à plus de 9 nœuds, grâce aussi à un fort courant… le seul petit bémol : la houle est de travers et les vagues viennent taper sur le côté du bateau. Nous nous faisons éclabousser une fois ou deux et finalement nous mettons nos bâches de protection. Ah ! C’est quand même mieux…

Nous arrivons à l’entrée du chenal du fleuve Maroni alors que le jour commence tout juste à pointer. Petit problème de balises qui ne correspondent pas vraiment aux cartes que nous avons…. Dilemme ! Faut-il suivre les cartes ou les balises ????

Nous optons pour un « entre deux » en surveillant de près notre sondeur, car de grands bancs de sables sont portés sur les cartes. Nous finissons par arriver sans encombre à la petite marina de Saint Laurent du Maroni après plus de quatre heures de navigation dans le fleuve. Nous nous installons au corps mort. Nous descendrons pour les formalités après une bonne petite sieste…. On prend de mauvaises habitudes à la retraite !!! 

Saint Laurent du Maroni est la deuxième ville la plus peuplée de Guyane après Cayenne. Sur le fleuve Maroni elle fait face à la ville d’Albina au Suriname. De nombreuses pirogues sillonnent le fleuve tout au long de la journée. Pirogues taxis, pirogues transportant du matériel ou des marchandises, pirogues assurant la liaison avec le Suriname. Sa situation loin de l’océan est expliquée par le désir des autorités pénales d’empêcher les bagnards de s’évader par la mer.

Les bagnards étaient employés pour construire les routes, d’autres pénitenciers et enfin la ville même de Saint laurent. Le site devint par la suite un pénitencier agricole (culture de la banane et de la canne à sucre).

C’est aussi dans cette région de Saint Laurent que la ruée vers l’or débuta peu après l’abolition de l’esclavage et que se développa le commerce de l’or. Actuellement des milliers de chercheurs d’or clandestins se sont installés provoquant de graves ravages environnementaux par l’utilisation du mercure et du cyanure, pour amalgamer l’or, qui empoisonne les eaux du fleuve et de ses affluents et par là même les poissons…

Nous vous raconterons notre visite de Saint Laurent dans notre prochain chapitre, et vous laissons découvrir ces premières photos de Guyane … pendant que nous nous préparons pour un départ au Surinam mardi, en principe…