Chapitre 21

Lundi 01 octobre 2018

Nous voici donc à El Hierro depuis le 19 septembre. El Hierro est la dernière île des Canaries, la plus au sud, la plus jeune et la plus petite de toutes les îles de l’archipel canarien avec ses 268km2. Son sommet est le pic de Malpaso qui culmine à 1500m. Jusqu’à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, elle était considérée comme l’extrémité occidentale du monde, c’est pourquoi on y fixa le premier « méridien zéro ». La dernière activité volcanique a eu lieu  d’octobre 2011 à mars 2012. Les premiers habitants de l’île étaient les Bimbaches environ 200 ans avant JC.

 

Nous sommes au port de La Estaca sur la côte Est de l’île, dans une grande marina toute neuve avec de beaux pontons qui sont, pour la plupart, vides ! Étonnant !, il y a 7 voiliers seulement et quelques bateaux de pêche. Cette marina est très peu fréquentée car éloignée de tout, 2km5 du premier petit village Timijiraque et 9km de Valverde la capitale. Sur place on trouve les bureaux de l’Armas, le ferry qui fait la liaison avec les autres îles et qui part de ce port, un bar, une petite boutique souvenirs et la police portuaire. Une jolie plage jouxte la marina, mais ça ne suffit pas à attirer les plaisanciers qui préfèrent le petit port de La Restinga au sud de l’île, petit village de pêcheurs plus animé avec ses bars, ses restaurants, ses spots de plongée… Nos amis José et Patricia sont là-bas depuis quelques jours. Pour nous le calme de La Estaca nous convient tout à fait et sa situation plus centrale permet de rejoindre plus facilement les sites touristiques. Nous restons donc à La Estaca. Première visite à pieds sur les hauteurs qui entourent la marina, de grandes falaises, des montagnes pelées confirment que l’île est très ventée…. Nous testons d’ailleurs…le premier week-end de notre arrivée, avec un vent à 44 nœuds par rafales dans la marina ! Heureusement Île de Croc est bien amarré !

Nous poussons jusqu’à Valverde, petite ville tranquille où se trouvent toutes les administrations et les commerces. Nous découvrons sa jolie église du XVIIIe siècle.

A Timijiraque où nous nous rendons à pieds, nous trouvons de grands champs de lave sur lesquels sont posées les maisons. Le village est petit, mais il y a tout de même deux restaurants et une petite supérette bien achalandée. La plage de sable noir est aménagée avec zone pique-nique, barbecue, parasols, douche. Accès libre à toutes les installations et tout est en parfait état !

Quelques kilomètres plus loin se trouve la baie de Las Playas aux eaux très claires, dans laquelle se trouve le roque de la Bonanza, assez curieux ! La route se termine à un hôtel un peu plus loin et pour continuer la balade, il faut repartir vers Valverde où faire comme nous qui n’avons peur de rien… prendre un raccourci à travers la falaise, une toute petite route toute en virages et en pente raide … très raide !!!! Pas très bon pour les freins!!! Mais bon pour les fessiers… Bonne séance de musculation !

Dans la semaine nous avons donné rendez-vous à José et Patricia pour une petite marche au départ de Llania dans les forêts de pins en haut du cratère. La vue du mirador de Llania est magnifique sur la vallée et la mer. Le sentier longe le bord d’un cratère jusqu’au mirador de Fireba et forme une boucle en passant dans la forêt. Nous avons dû, à un moment, perdre le bon chemin et nous nous sommes retrouvés quelques kilomètres plus bas ! Côté positif, nous avons pu aller au mirador de Las Playas, côté négatif, il a fallu remonter tous ces kilomètres avec un bon dénivelé pour retrouver le bon chemin et la voiture ! Dur dur pour moi… la chaleur, le souffle… Ouah !!!! Enfin c’était quand même une belle balade, 12km500 (8 km prévus au départ !).

Au Nord de l’île, nous avons découvert Tamaduste, petit centre touristique proche de l’aéroport où nous avons fait une petite marche sur le sentier tracé dans les champs de lave pour repérer le profil de la côte et voir les possibilités de mise à l’eau pour aller chasser ! Jean-Marie a un peu le fusil qui le démange……

Après Echedo et ses vignes, nous avons fait le parcours des différents « charco » qui se trouvent sur toute la côte Ouest. Piscines naturelles, bien délimitées ou ouvertes sur la mer… magnifiques !

Au passage, arrêt à Las Puntas où se trouve le plus petit Hôtel du monde classé au « Guiness des records ». Perché sur un gros rocher, il fait face au Roques de Salmor, sur lequel vivait il n’y pas encore si longtemps le lézard géant de Salmor, espèce de lézard préhistorique actuellement disparue.

Nous traversons la vallée de El Golfo, formée par l’effondrement d’une partie du cratère, surplombée par des falaises allant jusqu’à 1000m d’altitude. La Frontera, Tigaday… Dans cette partie de l’île la végétation est généreuse et les cultures sont importantes, vignes (les vins de La Frontéra ont une appellation d’origine et sont réputés), plantations de bananes, d’ananas…

Au retour nous passons par Pozo de Las Calcosas, petit village pittoresque, où nos amis Jean et Armelle ont élu domicile pour quelques jours, le temps de visiter l’île.

Une autre balade avec José et Patricia nous mène de la Restinga sur les routes du Sud et Sud-ouest de l’île. Nous longeons « la Mar de Las Calmas » qui porte bien son nom ! Ici pas une risée, pas une trace de houle … on voit bien la limite avec le reste de l’océan. Nous passons à El Julan où se trouve le musée retraçant la vie des Bimbaches et l’évolution de l’île. Sur la route, petite pause au milieu des vignes et des figuiers ; Nous ne pouvons pas résister à quelques grains de raisin et figues bien mûres…. Nous poursuivons direction le phare de Orchilla et le muele (Zone aménagée pour la pêche et la baignade). C’est dans cette zone, au milieu des coulées de lave que se trouve « le Méridien zéro ». La balade se poursuit dans ce paysage tourmenté, où de nombreux cratères (Il y en a plus de mille sur l’île !!!) descendent rapidement vers la mer. Les couleurs sont superbes. Nous arrivons à Pozo de la Salud où les eaux ont été déclarées d’utilité publique en 1949. Un centre de balnéo permet de venir traiter rhumatismes, problèmes cutanés, digestifs, circulatoires et bien sûr stress (maladie du siècle). Des eaux vraiment bénéfiques !...

Nous rentrons par la route qui traverse une magnifique forêt de pins, hêtres et sabines (genévriers), cette espèce n’est  présente que sur cette île de l’archipel. Nous avons vu quelques magnifiques spécimens, complètement tordus par les vents. L’un d’eux est une des curiosités de l’île, il mesure 12m de haut et a une forme spectaculaire.

Dimanche dernier, nous nous sommes retrouvés avec Jean, Armelle, José et Patricia à La Restinga. Après une petite marche dans les champs de lave entourant la marina pour faire quelques photos de « crottes de dinosaures », nous sommes allés passer l’après-midi à Tacoron, sur la côte sud de l’île, un site où sont aménagées des piscines naturelles très agréables pour la baignade. Nous avons fini la journée autour d’une belle parillada de poissons dans une ambiance départ : Jean et Armelle rejoignaient Tazacorte le lendemain, et José et Patricia, l’île de la Goméra dans la semaine. Toujours de belles rencontres, mais le voyage continue pour chacun….

C’est donc seuls que nous commençons la semaine….. Le vent s’est calmé et Jean-Marie en profite pour mettre l’annexe à l’eau, histoire d’aller découvrir les fonds marins qui nous entourent et pourquoi pas, pêcher un peu?! On a quand même le droit de rêver, non ! Oui, rêvons…. Car lorsque tout est prêt…. Éole se lève avec une jolie petite houle… Pas de sortie mer pour cette fois. Ce n’est que partie remise et nous nous sommes bien fait plaisir dès le lendemain. Nous avons vu… Les poissons !  Barracudas, perroquets, demoiselles, raies, et même, poissons « pierre »… Promis, la prochaine fois on ira les pêcher ! Il faut quand même que la carte de pêche serve à quelque chose !!!

En attendant il nous reste encore quelques belles choses à voir et mercredi, nous repartons sur les sentiers d’El Hierro. Nous prenons la route de Valverde à Saint Andrès et laissons la voiture à l’entrée du chemin qui mène à « l’arbol santo, Le Garoé », ou plus exactement l’emplacement car le dernier spécimen a été détruit lors d’un énorme ouragan en 1610. Le Garoé est un arbre de la famille des laurisilva qui a la particularité de capter l’eau des nuages et de la distiller ensuite sous forme de gouttes pour imbiber la terre très sèche ici. Un arbre de la même famille (un tilleul, mais pas tout à fait la même variété que chez nous) a été replanté à son emplacement en 2010 et on peut voir l’eau captée dans des puits aménagés tout autour. Le calme et la fraîcheur du site sont impressionnants. Après un petit café, nous reprenons la route direction le mirador de Jinama. Ce point de vue est situé près d’une grande « taparuche » (ligne de rochers verticale, veines de lave), la vue de la falaise est magnifique et très impressionnante. En bas, La Frontéra, Tigaday et la côte très découpée dans tout le golfe. L’étape suivante est à « La Hoya del pino », un grande aire de pique-nique comme on en trouve ici avec tables, bancs, barbecues, eau courante et sanitaires. C’est ici que nous prendrons notre petit en-cas, mais d’abord…. Une petite marche ! Le sentier de la Hoya monte dans la forêt de hêtres, pins et sabines, et fait une boucle pour revenir à la zone pique-nique. C’est une belle montée…heureusement il fait frais sous les arbres. Arrivés sur le plateau nous découvrons une propriété avec de beaux châtaigniers, on se croirait presque chez nous ! La chaleur en plus…La descente est un peu « glissante » par endroits mais on reste debout ! Enfin après ces 3km500 qui s’ajoutent aux 5km200 de l’arbre Garoé, nous faisons notre petite pause au milieu des oiseaux. Nous reprenons la voiture et suivons une piste, très cahotante, pour rejoindre le départ du sentier de La fontaine de Mencafeté. Encore un chemin qui monte raide ! Mais cette fois au milieu des figuiers, pommiers et ronces avant d’arriver sur la pouzzolane et là un pas en avant … 2 pas en arrière… Vous connaissez la chanson !!! On arrive après environ 2 km de grimpette à la fameuse fontaine. En fait c’est une petite source qui remplit des réservoirs (grands trous formés dans la lave) qui rejoignent un système de canaux, un peu comme les lévadas à Madère. Là grand silence, une végétation dense et soudain quelques chants d’oiseaux… On attend un peu sans bouger et on les voit venir s’ébattre dans l’eau, chacun leur tour. On fait quelques photos, mais le moindre bruit ou mouvement les fait s’envoler, alors nous reprenons le chemin en sens inverse. En courant un peu, on glisse moins ! Nous retrouvons la piste qui cette fois descend tout en virages étroits au milieu des châtaigniers et des vignes. Par endroit les couleurs d’automne sont éclatantes sous le soleil. Bien sûr nous roulons tout doucement et soudain devant nous un vol de perdrix, nous les avons dérangées… Il y en a une quinzaine, certaines s’envolent, les autres courent devant la voiture sur la piste. Je ne suis pas assez rapide pour prendre une photo et je préfère que Jean Marie regarde où il va… Le ravin n’est pas loin !!! Enfin nous retrouvons une route digne de ce nom et nous prenons le chemin du retour en faisant une petite pause baignade dans les piscines naturelles de La Maceta. Waou ! Encore une belle journée et 12 ou 13 km de marche. On est assez contents de nous !

Les dernières balades que nous faisons se passent sous les nuages et même sous la pluie. Eh oui, il ne fait pas toujours beau à El Hierro contrairement à ce que l’on croyait. Nous découvrons des paysages un peu différents. Le mirador de la Péna est magnifique. C’est une création de César Manrique, artiste de Lanzarote qui a réalisé de nombreuses œuvres sur les différentes îles des Canaries. Un restaurant y est installé, il se perd dans le décor, le toit est végétalisé avec de nombreuses espèces de plantes, les terrasses donnent sur le Roques del Salmor et le Golfo.

 Après une petite pause pique-nique à Las Puntas, nous allons voir le village traditionnel, conservé au niveau de l’écomusée de Guinéa, puis Le pozo de Los Padronès, puits de 54 m de profondeur combiné avec une galerie forée sur 1011 m de long et 6 m de diamètre, qui pénètre dans la falaise pour récupérer l’eau qui s’infiltre dans la montagne. Ce puits a été commencé en 1962 et terminé en 1989. Il donne plus de un million de m3 par an ! Un robinet permet de venir se servir à volonté.

Hier,  nous avons rendu une dernière visite à José et Patricia, qui faute de place à la marina de La Gomera, ne partiront que la semaine prochaine ;  puis nous avons repris nos visites, le mirador de Tanajara qui offre une vue sur El Pinar, les nuages qui montaient donnaient une drôle d’impression et très vite nous n’avons plus vu la mer. Nous avons continué par Le Santuario de la Virgen de Los Reyes, petite chapelle perdue en pleine nature à côté de laquelle se trouve La Cueva de la Virgen, une grande grotte faite dans une coulée de lave creuse. De petites maisons troglodytes y ont été faites, elles servent encore actuellement de retraite à des personnes qui viennent se recueillir et prier.

Nous poursuivons notre route ou plutôt notre piste… Pour aller voir El Sabinar, énorme genévrier tourmenté. Sur le plateau balayé par le vent et la pluie, nous découvrons non pas un, mais plusieurs sabines aux formes incroyables. Faute de parapluie, nous prenons… le parasol pour pouvoir faire nos photos ! On fait ce qu’on peut !!!

L’étape suivante nous fait emprunter une petite route juste sur une crête, le vide de chaque côté… On espère juste qu’elle ne s’effondrera pas sous nos roues !!! Ben non !... On est passé ! Nous longeons un grand champ de lave et arrivons au chemin qui mène à la Puente et à la Pointe de Gutièrrez. Ici le paysage est splendide, des arches de roches sur la mer, des falaises qui tombent à pic dans l’océan, des grottes. Nous suivons à pieds le chemin qui serpente le long de la côte et qui nous fait découvrir des paysages toujours plus beaux à chaque tournant. Certaines vues nous font penser à Etretat et ses falaises. Le ciel reste gris et quelques gouttes continuent de tomber mais le spectacle est tout de même super…

Nous poursuivons vers « l’Arena Bianca », une plage où le sable est blanc, ça donne une curieuse impression sur la roche noire ; Nous n’avons pas pu savoir d’où venait ce sable blanc…

Enfin nous prenons le chemin du retour en passant par la Sabinosa, petit village aux maisons blanches, perché dans la montagne. La pluie a cessé, mais nous trouvons de grosses nappes de brouillard où l’on ne voit pas à 2 m. C’est flippant sur ces routes de montagne ! Une fois de plus je me fais une petite séance « muscu »…coté des fessiers !!

Voilà, notre petit tour d’ El Hierro se termine, eh oui, lundi je prends l’avion pour la France. Quand je reviendrai fin octobre, les vents devraient être établis, et nous lèverons l’ancre pour le Cap Vert. De nouvelles aventures…. Que nous ne manquerons pas de vous raconter…