Chapitre 22

Me voici rentrée de France. Je retrouve Jean-Marie à l’aéroport. Il a une voiture de location car pendant mon absence, il a vendu notre Berlingo. C’est une bonne chose de faite. Mais il y a du changement, le bateau est maintenant à La Restinga. En effet il a eu encore une petite surprise…. une fuite au niveau du passe coque des toilettes ! Impossible de partir comme ça! Il faut ressortir le bateau et réparer. D’où le départ pour le varadero à la Restinga à la pointe Sud de l'île. Mais ça y est, tout est OK et, comme on dit, pas de problèmes pour le moment…… à suivre  

Il a sympathisé avec plusieurs couples de français, qui font également route vers le Cap Vert, et ensemble ils se sont fait quelques balades sur l’île en attendant que je rentre.

Et ….. Miracle, il a pêché ses premiers poissons au Jig !!! A croire que c’est moi qui lui porte la poisse ! ..et les a cuisiné !

Le 1er novembre, 3 jours après mon retour de France on a quitté El Hierro. Les dernières courses faites, les derniers préparatifs du bateau terminés, nous avons levé l’ancre à 12h. Nous prenons la mer avec une houle de 2m50 et un vent capricieux plutôt arrière. Sur les premières 24 heures, nous devons changer plusieurs fois les voiles : grand voile, voile d’artimon, génois, tangon puis plus de tangon, puis de nouveau vent… donc voile, de nouveau vent arrière…. Tangon…. La nuit est coupée par ces nombreux changements… Heureusement le lendemain le vent est plus stable bien que toujours arrière, la houle forcit un peu à 3m, elle ne fera d’ailleurs que forcir les jours suivants jusqu’à 4 m, 4m50, j’ai l’impression d’être dans une machine à laver… mais tout tient bon, l’estomac n’est pas trop à l’envers et c’est le principal. Nous avons tout de même parcouru 148 miles en 24h ..Un petit oiseau vient faire une halte sur notre bateau, le temps de récupérer un peu, puis ce sont des globicéphales qui passent, pas très loin … majestueux ! Ça nous fait un peu d’animation, en 5 jours et demi nous avons vu 1 bateau par jour… Ce n’est pas la grande affluence. On est loin du périph’ ! Le vent nous lâche mardi et nous nous résignons à mettre le moteur en fin de journée pour la dernière partie du voyage. Nous sommes en vue des côtes capverdiennes dans l'après-midi et jetons l’ancre dans la baie de Mindelo à 0h10. Nous avons bien avancé, 5 jours et 12 heures pour faire 778 miles c’est plutôt sympa, les gens que nous rencontrons ont plutôt mis 6 ou 7 jours !

Nous voici donc au Cap Vert, à Mindelo sur l’île de Sao Vicente, depuis 10 jours maintenant.

L’archipel du Cap Vert se situe au sud ouest des Canaries et face à l’Afrique de l’ouest. Il est composé de 10 îles, formant un fer à cheval, qui s’étendent sur 4033km2. Il y a les îles barlovento (au vent) : Santo Antao, Sao Vicente, Santa Luzia, Ilhéus Branco et Raso, Sao Nicolao, Sal et Boavista, et les îles sotavento (sous le vent) : Maïo, Santiago, Fogo, Brava et les Ilhéus Grande et Secos de Rombo. Ce sont toutes des îles d’origine volcaniques, et montagneuses. Une seule a encore un volcan en activité, Fogo. La dernière éruption remonte à 1995/1996. Ce sont des îles pauvres, qui souffrent aujourd’hui du manque de pluie, sécheresse probablement accrue par la déforestation pour l’agriculture et la présence de nombreuses chèvres. Les ressources principales sont la pêche et avec de l’acharnement l’agriculture (fruits et légumes, et sur l’île de Fogo en particulier, la vigne et le café), le tourisme qui commence à bien se développer. Les premiers portugais s’y installent au milieu du XVe siècle et s’en servent de base pour commercer avec L’Afrique, mais aussi pour déporter de nombreux esclaves destinés à travailler dans les plantations de cannes à sucre ou a être revendus ailleurs. Le Cap Vert accède à son indépendance le 5 juillet 1975.

Au premier matin de notre arrivée, nous mettons l’annexe à l’eau pour aller faire les démarches administratives, police maritime, et immigration. Contents de mettre pied à terre, mais c’est bizarre…. Ça continue de tanguer !

L’accueil des capverdiens est chaleureux et nous rencontrons rapidement des gens qui ont bien connu Jean Marie…. Embrassades, tapes dans le dos… La notion du temps est un peu perdue, César lui dit : « oh, ça fait un an que tu es parti…. » Euh…. Non, juste 13 !!!

Le soir nous avons rendez-vous avec son ami Blaise. Enfin je vais connaître « ce » Blaise dont j’ai tellement entendu parler….. Les retrouvailles sont émouvantes mais en même temps ils me donnent l’impression de s’être quittés la veille… La complicité est tellement palpable…. Blaise nous invite à manger au « Clube Nautico » que Jean Marie a tenu de 2003 à 2005. Souvenirs, souvenirs… Ils n’en finissent plus de parler…. Et on dit que les femmes sont bavardes !!!

Dès le lendemain nous partons à la découverte de la ville, pour moi, la « redécouverte » pour Jean-Marie. Apparemment tout a bien changé, la ville est très propre, les constructions plutôt récentes, finis les maisons de tôles, des commerces ont fleuri, des hôtels, de jolies petites places fleuries, des gens à vélo, une marina où l’on peut venir amarrer l’annexe et donc plus de petits gardiens de plage qui gardent les bateaux comme il y avait il y a 13 ans… Mais toujours beaucoup d’animation dans les rues, les gens qui s’interpellent, les couleurs, les femmes très coquettes, les bus, les taxis, les chiens errants, les Aluguer (véhicules 4/4 ou minibus « à louer » à une ou plusieurs personnes pour se déplacer d’un point à l’autre de l’île) et pas mal de touristes. L’ambiance est « cool », pas de stress, on prend le temps…. Je suis surprise par la taille des Capverdiens, ils sont plutôt grands et minces pour la plupart, rien à voir avec les portugais ou les espagnols, plus petits et enrobés. Et leurs traits sont très fins.

Nous retrouvons Blaise le lendemain pour un repas à son domicile, très cosmopolite ! il y a ici un couple d’italiens, des polonais, un suédois, des capverdiens, et nous français !!! la soirée est très sympa et nous passons un excellent moment.

Blaise nous a organisé une petite visite de l’île voisine, Santo Antao. Nous partons le dimanche pour trois jours de découverte et de marches. Nous sommes accompagnés de Kennet un journaliste suédois, venu découvrir le Cap Vert pour une revue de tourisme.  Santo Antao est juste en face de Sao Vicente à 8,5 Miles, desservie par un ferry de l’Armas, plusieurs fois par jour.

Le premier jour nous faisons 8 km, le second 16 et le troisième 10… Bonjour les courbatures ! Mais aucun regret, l’île est magnifique, chaque partie que nous visitons est différente, une partie aride, montagneuse, très ventée, une autre partie qui longe l’océan, chemin dans la montagne, pavé sur presque toute la longueur. Seul chemin qui mène à de petits villages non reliés à la route. Nous croisons les habitants avec leurs ânes, leurs vaches, leurs courses… Tout se fait à pieds, des kilomètres d’un village à l’autre. Puis nous arrivons dans des paysages très verts, des cultures en terrasses, maïs, cannes à sucre, manioc, ignames, patates douces, carottes, haricots, arbres à pain, manguiers, goyaviers, néfliers, bananiers, orangers, caféiers, … et partout de petites maisons, bien arrangées, avec des fleurs et partout le sourire, la gentillesse des habitants avec qui nous échangeons quelques paroles, leurs efforts pour développer une affaire, restaurant, bar, chambres d’hôtes…. Nous passons ainsi de Porto Novo à Ribeira Brava par la route de Corda, très belle route entièrement pavée, (plus de 20 ans de construction pour une quarantaine de kms !!!!! et chaque pavé a été taillé et posé à la main !!!) après un arrêt à Pico da Cruz, petit village de montagne. Nous déjeunons à Coculi autre petit village. Au menu poulpe, thon, légumes locaux et gâteau au chocolat !. Et maintenant, il va falloir éliminer….. Nous partons pour une marche de 10km, de Cha Pedras à Caïbros où nous allons passer la nuit. Le sentier serpente dans les cultures de maïs, cannes à sucre, monte, descend, remonte, contourne un canyon, monte encore pour finalement descendre, descendre…. jusqu’à la Casa de Zeca, chambres d’hôtes construites petit à petit par son propriétaire, une puis deux, puis trois et aujourd’hui 25 ! Un restaurant, un bar et une discothèque ! Une vie de travail et du travail pour lui, sa femme et ses enfants !

Le lendemain, nous faisons le sentier du littoral qui nous emmène de Cruzinha à Ponto do Sol. 16 km sur un chemin en corniche, sécurisé par des murets de pierres. Le déjeuner se fait à Formiguignas, dans le petit restaurant de Sonia, 4 tables sur une terrasse qui surplombe le jardin où poussent les légumes qui accompagnent notre poulet. Nous arrivons à Punta do Sol juste pour admirer le coucher de soleil. Repas dans un petit restaurant typique, et nuit dans un superbe hôtel 4**** construit récemment sur le port. C’est vrai qu’il détonne un peu au milieu des barques de pêche et des vieilles maisons, mais on apprécie tout de même à leur juste valeur son confort et la vue magnifique sur l’océan.

Le lever du lendemain est un peu difficile, les courbatures me font marcher comme une grenouille….. Heureusement les muscles s’échauffent doucement et après le petit déjeuner je suis prête à reprendre la marche. Nous allons randonner dans la vallée de Paul, 10 km au programme. Les paysages sont superbes, la végétation luxuriante. On se régale, rencontre avec les gens du coin, échange, partage, encore une super journée. Nous reprenons le Ferry direction Mindelo en fin d’après-midi avec Kennet, Blaise reste sur place un jour de plus pour son travail, mais nous a prévu un programme de visite avec son associé Peter sur Sao Vicente mercredi.

Nous rentrons sur Île de Croc pour une bonne nuit de récupération. Nous en avons bien besoin !!!

Mercredi matin, Kennet et Peter passent au bateau boire un petit café et découvrir notre petit « chez nous », puis nous partons pour une journée « tourisme » sur l’île de Sao Vicente. Tout d’abord El Monte Verde, une montagne sur laquelle est cultivé le maïs, étonnant sur cette île qui parait bien aride, mais ça pousse, car souvent dans les nuages qui apportent l’humidité…., les vues sur l’océan, sur Mindelo, Salamansa et sa jolie baie sont magnifiques. Nous passons ensuite voir la plage de Salamansa très ventée où se trouve une école de Kite-surf. Il y a de gros rouleaux et les couleurs sont superbes, Kennet ne résiste pas à un petit plongeon. Nous poursuivons notre visite par Baia Das Gatas où nous voyons les barques à voiles rentrer de la pêche. Ces barques de pêche ont la particularité de ne pas avoir de moteur, elles avancent avec des voiles faites avec des sacs de riz.   Petite pause repas à Calhau, restaurant typique, à la déco particulière. Nous reprenons la route, et en chemin nous découvrons les grandes dunes de sable apporté d’Afrique par les vents. Ce sable est très blanc, très fin. Nous passons ensuite devant le grand cimetière où est enterrée Césaria Evoria et allons la saluer. Jean-Marie a eu plusieurs fois l’occasion de la rencontrer et même de manger avec elle en 2005. Nous rejoignons San Pedro et son immense plage où Kennet fait encore un petit plongeon car après demain retour dans le froid. La balade se termine à l’aéroport Césaria Evoria où nous déposons Kennet qui rentre en Suède. Encore une journée bien remplie, et des photos pour vous faire découvrir ce petit coin de paradis.