Chapitre17

Mardi 13    

La Gomera : une des plus petites îles de l’archipel des Canaries, superficie 369km2 pour environ 24 000 habitants. Son plus haut sommet est à 1487m, c’est le Garajonay. Cette île d’origine volcanique est vieille d’approximativement 12 millions d’années. Elle est cependant la seule île de l’archipel à ne pas avoir subi d’éruption pendant les deux derniers millions d’années. Elle a un relief très escarpé et très marqué par l’érosion qui creuse de profonds canyons qui vont jusqu’à la mer. On trouve dans les montagnes, essentiellement au nord, une belle forêt composée de différentes variétés d’arbres et de plantes auxquelles l’humidité environnante et la douceur du climat conviennent parfaitement. Malheureusement un immense incendie a détruit plus de 750ha de cette forêt en 2012 et on pense qu’il faudra une trentaine d’années pour qu’elle se reconstruise.

Traditionnellement la manière de vivre à La Gomera était basée sur l’agriculture, l’élevage et la pêche, aujourd’hui c’est plutôt le tourisme qui prévaut. Culturellement, tout ce qui est folklore est encore très présent avec la musique et la danse comme « le tarajaste gomero » ou danse de tambour qui s’accompagne de castagnettes (chacarras)(deux instruments originaires de l’île) et les chants que l’on appelle « pie de romance ». Toujours très présent aussi, « le Silbo » ou sifflet (voir vidéo). C’est un moyen de communication qui remonte au temps des aborigènes, lorsqu’ils devaient communiquer par delà les profonds canyons. Actuellement ce mode d’expression est enseigné à l’école et a été reconnu Patrimoine intangible, par l’Unesco en 2009.

Côté gastronomie, on retrouve quelques spécialités : le miel de palme ou « guarapo », élaboré à partir du sucre de palme, le fromage de chèvres dont  une spécialité, « l’almogrote » faite à partir de fromage de chèvres doux, de piment et d’ail. Bon… eh bien, il ne nous reste plus qu’à découvrir tout ça !

Aujourd’hui sera une journée plage, l’eau est un peu fraîche, mais la température extérieure incite à la baignade.       

 

Mercredi 14

Nous avons rencontré pendant notre séjour à Madère, Yvan, un militaire à la retraite, qui vit à La Gomera depuis deux ans et nous avons rendez-vous avec lui ce matin pour une balade dans le centre de l’île. Le temps est magnifique et bien dégagé. Nous quittons San Sébastian par une route qui monte très vite et nous donne une vue incroyable sur les ravins et sur l’océan avec souvent en fond un Pic Teide encore enneigé, impressionnant. On le croirait à quelques kilomètres de nous alors qu’il est juste sur l’île voisine ! Nous nous arrêtons pour profiter des points de vue aménagés afin de profiter des plus beaux paysages, en essayant d’éviter ceux qui sont trop fréquentés (bus de touristes… Un bateau de croisière est arrivé ce matin), grâce à notre « guide » Yvan.  Nous visitons ainsi de petites ermita (petites chapelles privées), des miradors spectaculaires. Nous arrivons au point culminant de l’île d’où nous avons une vue splendide à 360° : le Pic Garajonay qui est né d’une légende. Plusieurs versions de cette légende existent, voici celle que nous avons eue : La princesse Gara de la Gomera et le prince de Tenerife Jonay étaient tombés amoureux, mais leur entourage ne voulait pas de cette union,  Jonay fut arrêté. Gara le délivra et les deux jeunes gens s’enfuirent en haut du Pic où ils se donnèrent la mort. Ce qui donna le nom de Garajonay. Mais poursuivons notre route, pour arriver à Chipude, petite commune très calme où nous faisons notre pause repas chez Sonia face à « La Fortaleza » (gros rocher qui ressemble à une forteresse de par sa forme, d’origine volcanique, il fut un lieu sacré pour les aborigènes de La Gomera). Sonia est  très active pour faire vivre son village et faire la promotion de sa région à travers les spécialités régionales que nous dégustons. Jean-Marie « tombe » devant la sauce à la coriandre ! Si bien que Sonia lui en offre un petit pot lorsque nous partons. Quel séducteur !...moi je dis : quel affamé !!. Nous poursuivons notre route en passant par la Laguna Grande où se trouve un grand parc avec des sentiers de randonnée, des activités pour les enfants, des aires de pique-nique, un restaurant, et même des ânes en bois sur lesquels on ne peut résister de monter. Ah, on a l’air malin tous les deux ! Après cette petite course hippique nous reprenons la voiture pour traverser le parc national de Garajonay par une toute petite route très sinueuse et arriver au « Juego de Bolas où se trouve la « maison des visitants » donnant toutes les explications sur le parc national, la faune, la flore, l’histoire… Très instructif. Notre visite se poursuit direction Agulo, le plus petit village de l’île avec ses ruelles étroites et pavées et ses maisons traditionnelles canariennes. En chemin nous faisons halte au mirador d’Abrante, vraiment impressionnant. Une grande plateforme de verre surplombe le vide à 623m au dessus du village d’Agulo. La vue est à couper le souffle ! Sujets au vertige s’abstenir !!!! Dans le prolongement de la plateforme se trouve un restaurant et nous avons la chance d’assister à une démonstration de Silbo Gomero. C’est un véritable langage sifflé, avec des phrases complètes faites avec des modulations. Moi qui siffle pourtant comme un merle, j’en reste scotchée !!! Non, trêve de plaisanterie, c’est vraiment surprenant et c’est une bonne chose de ne pas laisser perdre cette particularité. Et voilà notre petit tour se termine, nous reprenons la route de San Sébastian, les yeux pleins d’étoiles de tout ce que nous avons vu aujourd’hui. Merci à Yvan pour cette visite et toutes les explications données.

 

Jeudi 15

Une petite pluie fine tombe depuis ce matin, ça change du temps magnifique que nous avons eu hier ! Tant pis, ce sera journée bateau. C’est bien aussi !

 

Vendredi 16

Nous avons invité pour l’apéro ce soir nos voisins de bateau, Pierre et Nathalie, qui sont venus de Corse et sont tombés sous le charme de La Gomera depuis presque un an maintenant, ils ont « retapé » un bateau et depuis vivent ici, apparemment très satisfaits de leur choix. Petites préparations culinaires, il faut ce qu’il faut…. La soirée est très sympa et animée, on ne voit pas le temps passer. Remarquez, c’est un peu comme ça chaque fois, il y a tellement de choses à raconter…

 

Samedi 17

Nouveau rendez-vous avec notre ami Yvan. Aujourd’hui ce sera le nord de l’île. Nous allons donc le retrouver chez lui à Vallehermoso. C’est la commune la plus grande en superficie, avec de grandes diversités de micro climats et paysages, des bois touffus et humides, des cultures dans les vallées, mais aussi d’impressionnants monuments naturels tels « la roche Cano » ou la falaise de « los organos » visible de la mer seulement. C’est dans cette région aussi que se trouvent les vignes qui donnent de très bons vins. Les sentiers de randonnées partent du village et sont très appréciés pour le charme des parcours. Après la visite de Vallehermoso, de sa plage et son parc marin,  nous prenons la route, puis très vite une piste étroite et sinueuse qui nous mène à Argamul, petit village perdu tout au nord de l’île, où même un Bouddha est venu se perdre. Une vue splendide sur la baja de « los Roques »s’offre à nous. Après Argamul, nous bifurquons, toujours sur une piste, vers « l’Ermita » de Santa Clara puis celle de Coromoto, pour atteindre une zone où se trouvent « les œufs de dinosaures », des pierres volcaniques de forme ovale, qui ont été projetées par le Teide. Le paysage est lunaire, les couleurs chaudes, superbes : beige, ocre, brun, mauve…. Nous abandonnons ce paysage magnifique et regagnons la route. Pause repas, puis petite marche jusqu’à « los chorros de Epina » (les fontaines d’Epina). Là encore une légende court : pour se marier dans l’année, il faut qu’un couple vienne boire à la fontaine, les filles doivent boire aux becs pairs, les garçons aux becs impairs. On ne vous dira pas si on l’a fait….. il vous faudra attendre décembre pour savoir ! Mais, nous avons quand même rempli nos bouteilles !... Une eau claire et pure sans mauvais goût ! Nous avons terminé cette visite par la « presa de la encantadora », le barrage de l’enchanteresse, tout entouré de montagnes, un très joli site où les sommets se reflètent dans l’eau ….. il n’y a pas un bruit. Et voilà, encore une journée, où Yvan nous a fait découvrir de superbes paysages. Nous retournons sur Île de Croc.

 

Dimanche 18

Aujourd’hui grand vent, matinée tranquille au bateau puis plage l’après-midi. Nous avons réussi à trouver un coin un peu abrité. L’eau est toujours un peu fraîche, mais Jean-Marie, courageux a fait ses longueurs. Je me suis contentée de quelques brasses !

 

Lundi 19

Nous avons envie de découvrir un peu mieux cette ville ou plutôt ce gros village de San Sébastian. Outre la capitale de l’île, elle est aussi la principale porte d’entrée par la mer. Son port accueille tous les bateaux inter-îles, ainsi que les gros navires de croisière. Les voiliers et yachts apprécient également ce lieu historique où Christophe Colomb a fait escale lors de son premier voyage à la découverte de l’Amérique ainsi que lors de deux autres voyages. La maison où il dormit située dans la rue principale de la ville est maintenant devenue un musée. On trouve aussi à San Sébastian d’autres lieux historiques tels que la Tour De Conde, forteresse militaire encore sur pieds et parfaitement entretenue dans un très joli parc planté d’essences subtropicales, dont un très beau kapokier ; l’église de » la Virgen de la Asunción » où Christophe Colomb et ses hommes sont venus se recueillir avant de prendre la mer. L’église d’origine datait de 1450, mais elle a été détruite par un incendie et l’église actuelle date du 18e siècle (à l’intérieur pas de vitraux, mais beaucoup de peintures et de décorations en bois). Plusieurs « miradors » dont le mirador de la Hila permettent d’avoir une vue globale sur la ville et ses maisons colorées, l’océan, le port et les montagnes environnantes. Nous avons pu arpenter les rues de la ville haute et de la ville basse où l’on trouve de très jolies places, en particulier la place de la constitution. De nombreuses terrasses de bars se tiennent là, à l’abri d’énormes arbres de la famille des lauriers. C’est aussi sur cette place qu’ont  lieu le marché artisanal et les animations folkloriques à l’arrivée des croisiéristes. Côté plage, il y en a deux dans la ville, une qui jouxte la marina, de sable noir et une autre de galets, de l’autre côté du port, en face de Tenerife, playa de la Cueva.

 

Mardi 19

Nous partons tous les deux explorer la partie sud de l’île. Pour cela nous devons rejoindre la route circulaire du centre. Effectivement La Gomera a cette particularité qu’il faut lorsque l’on se déplace, rejoindre à chaque fois la route qui fait le tour de l’île au centre et redescendre vers les villes ou villages que l’on veut visiter et qui se terminent souvent en « cul de sac »..

Nous nous dirigeons donc vers la playa de Santiago. C’est un petit village avec un port qui dans les années 1960 avait une activité importante pour l’exportation des bananes et des tomates, mais avec la crise, dans les années 1970, l’activité est tombée et les habitants ont fui vers Tenerife ou l’Afrique du sud. L’endroit est  calme et naturel, et a plu à de nombreux hippies qui sont venus s’y installer.  Aujourd’hui le tourisme a donné une nouvelle vie au village. Nous repartons direction Alajero et nous arrêtons pour visiter le hameau d’Antancojo, quelques maisons, des moutons, des chèvres et un joli point de vue, Jean Marie prend les photos et trouve un petit coin de verdure où nous décidons de prendre un café. Je m’installe, commence à sortir la bouteille thermos, mais… je trouve que « ça pue » un peu…beaucoup…. Eh oui, je suis assise dans des crottes de moutons !.... j’en ai plein mon short, Jean-Marie plein les chaussures ! Quel merveilleux endroit ! Je me retrouve en slip sur la route en train de laver mon short… Heureusement il fait beau et il y a un peu de vent, il va vite sécher (le temps de boire le café, cette fois sur un rocher en bord de route !). Jean Marie essuie ses chaussures dans l’herbe, mais rien à faire ça colle bien ! Heureusement il y a une petite mare un peu plus loin et il va pouvoir les laver…. Ça nous a quand même bien fait rire …. Après !....

Nous arrivons enfin à Alajero, nous rejoignons le chemin qui mène à « l’ermita de St Isidro » cette chapelle est plantée au sommet d’une petite montagne, « montana del calvario ». C’est ici que les aborigènes Gomeros enterraient leurs morts, face à l’océan. Les lieux étaient sacrés. C’est comme un grand panthéon. Pensant que la mort n’était qu’un passage dans une autre vie, ils les enterraient avec des objets et un animal, une chèvre ou un mouton. Le mirador de Taragunche (haut de la montagne) 800m d’altitude donne une vue à 360° sur le village, l’océan, et les paysages très accidentés, les canyons, les ravins et les vallées. Nous redescendons par le petit sentier pavé et nous dirigeons vers le centre d’Alajero, son église du 16eme siècle « l’iglésia del Salvador ». Sur la place un immense ficus, et partout le silence. On a parfois l’impression de visiter des villages morts, mais non, ils sont bien habités. Il est vrai qu’en Espagne en début d’après-midi tout s’arrête et la vie reprend vers 16/17 heures. Prochaine étape : le minuscule village de Imada, perché dans la montagne puis une dernière marche pour aller voir « El Drago », le plus vieux dragonnier de l’île, il est énorme et magnifique, mais quel dommage, il est entouré par des barrières !  Pas terrible pour les photos, mais il paraît que ces barrières ont été mises en place pour le protéger des touristes. Il est vrai que certains ont la fâcheuse manie de graver leurs initiales partout sans aucun respect des monuments ou de la nature ! On en a le souvenir sur les pierres de monuments égyptiens !

Eh bien voilà, on reprend le chemin du retour.

 

Mercredi 20, jeudi 21, vendredi 23

Jean Marie qui a de petits problèmes de genou, va voir l’ostéopathe et nous nous octroyons quelques jours de répit dans nos marches pour calmer tout ça.

 

Samedi 24

Le genou a l’air d’aller mieux, nous partons avec Yvan et Rosa pour une balade à El Cedro, au sud ouest de l’île, au bord du parc national de Garajonay, avec une superbe vue sur la vallée de Hermigua, les cascades, les terrasses, l’océan et Tenerife. Nous laissons la voiture et prenons un chemin qui monte (raide !) dans les bois. Aujourd’hui le temps est plutôt couvert et nous nous retrouvons rapidement dans les volutes des nuages, les arbres couverts de lichen témoignent de l’humidité permanente de l’endroit. Après 40mn de montée, nous attaquons la descente qui nous mène à cet ancien village d’El Cedro aujourd’hui habité par quelques familles seulement. Nous descendons jusqu’au mirador pour voir la cascade, mais le débit est faible et nous voyons juste son empreinte humide sur les parois de la montagne. Nous remontons jusqu’au restaurant local pour manger quelques spécialités. La vallée en contrebas est magnifique avec d’immenses tapis de fleurs jaunes. Le soleil qui se fraye un chemin entre les nuages parvient à éclairer ce magnifique panorama. C’est un enchantement.

Pour le retour, Yvan nous fait découvrir un tunnel ! Les pluies des derniers jours ont un peu envahi l’endroit, mais lui et Rosa ont tout prévu, des sacs plastiques pour protéger nos chaussures et les lampes électriques… Nous voici donc partis. Jean-Marie qui n’a pas vraiment confiance aux sacs préfère s’engager dans le tunnel, pieds nus, les chaussures dans le sac. Nous traversons donc ces 550m de tunnel haut de 1m70 maximum, de l’eau jusqu’aux chevilles, parfois un peu plus (enfin surtout moi, vue ma stature !...) excités, un peu comme des gamins !!! Arrivés de l’autre côté, un seul a gagné… Jean-Marie qui s’essuie les pieds et remet des chaussettes et des chaussures sèches ! Nous, nous finirons la balade les pieds au frais ! Les sacs plastiques n’ayant pas supporté la marche... mais c’était vraiment sympa. Nous continuons sur le sentier avec de petits arrêts photo, une cascade, des fleurs, un oiseau….

Nous reprenons la voiture et direction la plage de Calheta. Nous traversons la ville d’Hermigua puis toute une région assez aride et déserte, essentiellement constituée de roches nervurées, de différentes couleurs. La plage de La calheta est située en contrebas du parking. Une belle vue sur Tenerife, deux petites anses bien protégées, une aire de pique-nique, un bar, et même une chapelle !. Une plage bien agréable pour passer la journée.

Retour sur Île de Croc pour préparer le repas, Yvan et Rosa viennent manger avec nous ce soir.

Dimanche 25 et Lundi 26

Toujours un grand vent sur San Sebastian qui ne donne guère envie de sortir. Nous trions les photos, préparons le texte pour le blog. Un petit tour de la ville pour se dégourdir les jambes dans l’après-midi. Dimanche soir nous avons été invités chez Pierre et Nathalie. On a encore refait le monde !...